Tape ensemble est une performance sonore analogique et humaine reposant sur l’écoute.
Vingt personnes/interprètes forment un cœur de lecteurs cassettes.
Dans chaque magnétophone une cassette bouclée soit environ six secondes de musique.
Sur chaque bande, la même source, le même son continu est enregistré.
L' irrégularité de reproduction du son donne à entendre des micros variations de timbre et de hauteur.
Des harmoniques naissent et révèlent le lieu, l'espace devient un résonateur.
L’ensemble produit une multidiffusion en mouvement qui se mêle au public, un cœur de sons et de corps, une cohorte, un ensemble d’individus, toujours les mêmes, toujours différents.
Conception et musique : Clément Vercelletto.
Durée : 45 min .
Production : Les Sciences Naturelles
Cette performance à tout d'abord été l'objet d'un workshop dans le cadre de la classe de scénographie de l'ENSAV La Cambre à Bruxelles en mars 2011.
Un questionnement au départ de ce workshop : interroger un espace avec le son ou comment le son est constitutif de la scénographie et de la dramaturgie.
Le cadre que je propose aux élèves pour cette semaine d'expérimentation s'inspire de la musique répétitive et de la musique à bourdon (drone en anglais) et prend racines dans la fin des années 60 : La Monte Young, Terry Riley ...
Un magnétophone cassette « autonome » (c'est à dire fonctionnant sur piles) par personne, dans chaque magnétophone une cassette bouclée: 24,2cm de bande magnétique collé sur elle même soit plus ou moins 6 secondes de musique.
Sur chaque bande la même source, le même son continu est enregistré (la source est en l'occurrence un petit orgue à soufflerie).
L'idée d'une multidiffusion en mouvement (20 personnes=20 haut-parleurs) résonne tout particulièrement avec mes envies d'expérimenter concrètement le son dans l'espace.
Le dispositif décris si dessus nous permet d'aborder les pratiques et les questionnements fondamentaux de tout interprète : l'écoute collective, le jeu en groupe/en orchestre, l'improvisation mais plus largement pose la question de l'écriture sonore comme postulat d'espace et de dramaturgie.
Les contraintes musicales et les spécificités de cet orchestre une peu particulier nous ont menés presque malgré nous à une réel écriture de plateau, de corps.
Cette semaine d'expérimentation avec les élèves de la classe de scénographie de La Cambre aboutira à un rendu public sous la forme d'un concert/performance.
Cette performance à ensuite été reprise et adaptée dans d'autres contextes notamment à Bruxelles lors du Kunstenfestivaldesarts 2015 dans le cadre d'un spectacle de Léa Drouet nommé « Déraillement », puis au Palais de Tokyo encore une fois en collaboration avec Léa Drouet ainsi qu'aux Instants Chavirés à Montreuil sur invitation de l'artiste sonore Yann Leguay (cf photo jointes).
Dernièrement la performance à été joué à KANAL Pompidou à Bruxelles dans le cadre des portes ouvertes de l'ENSAV La Cambre (mars 2021) ainsi qu'au FRAC des pays de la Loire pour le Festival Trajectoire (janvier 2022).
Dans chacun de ces contextes un groupe différent d'interprètes est constitué. Tantôt étudiant en arts, tantôt amateurs, tantôt artistes, la pièce se ré-invente en fonction des conditions acoustique du lieu et bien sur en fonction du groupe d'interprètes.
Dans la revue INFERNO
« Le son acquiert une consistance inouïe dans la proposition de Léa Drouet et Clément Vercelletto.
Les spectateurs investissent la salle du Saut du loup, forment déjà un paysage. Vingt personnes s’en détachent à un moment donné, se réunissent en cercle. Le silence s’installe.
Des boucles sonores montent lentement de leurs magnétos.
Chaque bande analogique y porte une seule note à la fois.
Des par sa simplicité même, le dispositif parvient à conjuguer des résonances historiques de la période d’expérimentations minimaliste et l’imaginaire urbain le plus familier.
Chaque participant semble s’imprégner de la tonalité qui lui est propre. Il y a quelque chose de fragile et d’extrêmement touchant dans ce moment de latence qui se prolonge indéfiniment : s’approprier un son, le faire sien, apprendre à le connaître et à le moduler.
Subrepticement une vibration monte, des bribes d’harmonies se font et se défont, la matière sonore déborde l’espace. Des courants internes commencent à la remuer. Les déplacements des participants modifient l’environnement sensible. Tel son se détache du magma polyphonique, s’approche, se stabilise dans une proximité immédiate, reconfigure l’ensemble.
L’entretissage est complexe qui joue des contrepoints ou de variations infimes. La masse sonore est prise dans une perpétuelle houle avec des tourbillons, des creux, de pointes d’intensité qui se résorbent paisiblement.
L’expérience est dense, presque palpable et nous aurions aimé la poursuivre en immersion dans d’autres espaces du Palais de Tokyo. » Smaranda Trifan OlcèseDans la revue INFERNO